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Auteur : Jean-Louis Chassaing -  7 mai  2021

Addictions et toxicomanies
Considérations actuelles 

Les pratiques avec des produits chimiques « modificateurs de la conscience » font parti de l’histoire de l’humanité et posent pour nous, psychanalystes toute une série de questions.
* Notamment celle des définitions, donc celle des mots et celle des limites, des circonscriptions ou des précisions, au plus près scientifiques, concernant l’objet d’étude.
Par exemple une femme pour un homme, un objet ou une situation de passion, un traumatisme ne sont-ils pas « modificateurs de conscience » ? Il faut donc alors préciser ce que serait l’objet « drogue » comme objet d’études. C’est aussi un signifiant, lequel est également pris dans un contexte, celui non seulement de l’histoire personnelle mais celui des cultures et des lieux.
* Du coté justement de la pratique voire de la technique psychanalytique, le psychanalyste se trouve aux prises avec ses fondamentaux : la demande, ici peu fréquente ; le transfert, ici pris dans les évolutions du contemporain ; la présence réelle d’objets de satisfaction « sous la main », qui entrent en compétition avec « la présence de l’analyste ».
* Un autre écueil est fréquent, celui de plaquer les concepts freudo-lacaniens sur une pratique qui s’avère éminemment difficile et à déchiffrer, à inventer certes à l’aide de ce que nous ont légué nos anciens.
* Justement contrairement à ce que la majorité des psychanalystes aujourd’hui ont pu penser, les freudiens ont parlé, se sont interrogés sur cette pratique. Lacan également, avec une grande subtilité, et un aspect comme toujours précurseur.

Alors pour une première approche de cette question théoricopratique nous pourrions tenter de tracer un canevas avec des mots clefs : toxikon-manie ; ad-diction ; pharmakon ; Freud et les freudiens et post freudiens, Lacan et autres noms (Melman, Oury, Petit etc.), symptôme, avant de nous précipiter avec nos concepts tout faits. Ne pas boucher le repérage d’un réel avec des emprunts théoriques rassurants qui nous donnent l’impression de tout savoir…
Ces conduites sont celles d’avant, d’aujourd’hui et de demain, elles ont changé et sont plutôt « en avance » sur notre temps. Lacan lui l’avait déjà noté, et si nous avons le temps je ferai référence à deux conférences, celle prononcée à La Salpêtrière en 1966 et « La Troisième », que nous étudions pour les journées de juin à l’ALI.